Les marins, savent que leur royaume est mouvant et que dans ce royaume, il n'existe que des vérités humbles, des assurances fragiles.
L'entreprise des Indes - Erik Orsenna
La crise environnementale et écologique que traverse les océans est réelle. La surpêche est l’un des nombreux facteurs permettant d’expliquer qu’au cours des 40 dernières années, les populations d’espèces marines ont reculé de presque 39% et que les stocks de pêche exploités par l’homme pour se nourrir ont reculé de 50 % entre 1970 et 2010. Au sein de la zone de pêche de l’Union Européenne, la situation est même dramatique : près de 90 % des réserves halieutiques sont surexploitées, si l’on en croit Maria Damanaki, commissaire européenne à la pêche entre 2009 et 2014.
Ils existent pourtant de nombreux marins-pêcheurs qui travaillent pour trouver une solution à ce paradoxe : respecter les stocks halieutiques tout en continuant à répondre à une demande en produits de la mer qui n’a jamais été aussi forte.
Parmi eux, Breandán Ó Geallabháin. Irlandais d'origine et matelot depuis l'âge de 15 ans, il navigue sur son navire, l’Abalone, un ligneur de 8 mètres, qu’il a acheté il y a deux ans. Depuis la pointe du Finistère, il part au large, seul, pour attraper du lieu jaune qu’il revend ensuite à la criée.
Des profondeurs à la surface, de carcasses en roches et d'épaves en récifs, il lance la traîne, de l’aube au crépuscule. Naviguant sur une mer infinie, le rendant immobile, il sonde, jette et mouille. Trouve parfois. Cherche toujours.
Reportage photographique réalisé en avril 2018, au large de la pointe du Finistère.